Karen Rolland

Bonjour, quelques mots pour te présenter ?

Je m’appelle Karen Rolland. Je suis originaire des Hautes-Alpes, mais j’ai quitté depuis bien longtemps cette région. Lors d’une année Erasmus à Édimbourg, je suis tombée amoureuse de l’Écosse, mais aussi de l’homme de ma vie, gréco-canadien, ce qui a marqué le début d’une série d’aventures et d’installations dans diverses contrées du monde. Après plusieurs années en Grèce où je travaillais en tant que coordinatrice du département français de traduction au sein d’un consortium paneuropéen (au titre d’un accord-cadre s’appliquant à plusieurs institutions et agences de l’Union européenne, dont l’Office des publications de l’Union européenne et le Centre de traduction des organes de l’Union européenne), je décidais de m’installer à mon compte. Peu de temps après, nous sommes partis à l’autre bout du monde avec Poupée, notre chatte de neuf ans à l’époque, pour poser nos valises à la Nouvelle-Orléans, ville avec laquelle nous entretenons une histoire d’amour de longue date. Nous sommes ensuite partis vivre au Canada, à Vancouver d’abord, puis à Montréal, en revenant régulièrement à la Nouvelle-Orléans. Quelques années plus tard, nous avons repris le chemin de l’Europe, et vivons depuis, entre la France et la Grèce.

Interprétation ou traduction – ou les deux peut-être ? Quels sont tes domaines de spécialisation ?

Je suis traductrice de formation et traduis de l’anglais et du grec moderne vers le français. L’interprétariat est un métier que j’admire et que je regrette parfois de ne pas avoir choisi durant mes études. Il y a quelques années encore, notre métier (en tant qu’indépendant.e) était profondément marqué par la solitude et l’isolement, ce qui est beaucoup moins le cas aujourd’hui. Les diverses possibilités, virtuelles ou pas, d’échanger, de rencontrer des confrères et consœurs, de rejoindre des instituts, associations et syndicats (tels que l’ITI ou la SFT), de participer aux nombreux événements dédiés à notre métier, permettent de se sentir moins seul.e.s.

Avec mes vingt ans d’expérience dans ce métier, mes domaines de spécialisation sont assez variés. Je traduis notamment dans le domaine du développement international, des affaires & relations européennes et internationales, du développement durable, mais également dans des domaines plus scientifiques et/ou techniques. Je m’intéresse aussi depuis plusieurs années au langage clair.

La crise migratoire en Europe m’a toutefois amené cette dernière décennie à me tourner vers la médiation interculturelle, dans un contexte bénévole et non officiel, initialement auprès de mineurs et de familles en demande d’asile, souvent délaissés face aux montagnes administratives, puis au sein de diverses ONG. J’effectue également, en plus de la traduction, des missions d’interprétation pour ONU Femmes depuis quelque temps. Malgré mon appréhension initiale, je dois admettre que cette pratique me plaît énormément.

Pourquoi as-tu choisi ce métier ?

J’ai développé une passion pour les langues étrangères assez jeune. Ma mère nous a initiées très tôt au voyage et à la V.O. au cinéma. En outre, deux de mes professeures de langues étrangères au collège m’ont encouragée à me tourner vers ce métier. Dès la sixième, ma professeure d’anglais, de nationalité britannique, me donnait à la fin des cours des cassettes vidéo des tout premiers épisodes de The Avengers. Je les regardais en boucle pendant des mois. Ma professeure d’allemand m’a aussi énormément soutenu tout au long de mes années de collège et m’a incité à suivre cette voie. Toutes deux m’ont fait comprendre l’importance de s’imprégner de la culture en vivant dans le pays. J’ai alors commencé à multiplier les séjours à l’étranger.

Le contexte familial a sans doute aussi contribué à ma décision. Ma grand-mère maternelle était italienne, mon grand-père belge. Ma grand-mère paternelle nous parlait patois. J’ai grandi à deux heures de la frontière italienne, où nous passions de nombreux week-ends. Ces réunions de famille où les langues se mêlaient, et où chacun et chacune y allait de son anecdote dans une langue qui n’était pas la mienne, m’intriguaient.

Enfin, l’amour des voyages et des contrées lointaines a indéniablement influencé mon choix. Au fil de mes voyages, j’ai rapidement ressenti une grande frustration de ne pas pouvoir communiquer avec les personnes que je rencontrais, et j’ai vite compris à quel point cela était important pour moi. J’ai eu la grande chance de commencer à voyager très jeune, avec mon collège et lycée, mais aussi avec ma mère qui, elle aussi, est passionnée de voyages et m’a très tôt transmis cette passion et incité à découvrir le monde.

J’ai commencé mes études universitaires en L.L.C.E. et j’ai rapidement candidaté pour partir à l’étranger en Erasmus. C’est à Édimbourg que j’ai décidé de m’orienter vers la traduction, en m’inscrivant en Master of Science de traduction littéraire après mon année Erasmus. Je n’ai jamais regretté cette décision. J’ai la grande chance de faire un métier que j’aime.

Sur quels types de projets préfères-tu travailler ?

Je travaille principalement avec des clients directs, et mes projets couvrent des domaines très variés, ce que j’apprécie, car je ne m’ennuie jamais et j’ai l’impression d’être en perpétuel apprentissage.

J’apprécie particulièrement les projets portant sur les droits, la protection et l’autonomisation des filles et des femmes (j’avoue que j’ai encore un peu de mal avec le terme « empouvoirement »), une thématique qui m’est chère. Nombre de projets sur lesquels je travaille portent sur la condition des filles et des femmes en Afrique subsaharienne, mais aussi sur les conflits entre agriculteurs et éleveurs, l’action climatique, l’éducation en matière de masculinités non discriminatoires, ou encore le rôle des femmes dans l’économie verte et le secteur des énergies renouvelables dans cette région du monde.

Les projets liés à la réconciliation avec les peuples autochtones et à la reconnaissance de leurs droits m’intéressent aussi beaucoup. Je travaille depuis des années avec le Canada, et c’est un thème très présent ces dernières années.

Même si les traductions plus techniques me passionnent moins, j’apprécie d’avoir pu développer une expertise dans certains domaines très spécialisés tels que les ressources naturelles et minérales, l’exploitation minière ou les études géologiques et environnementales.

Côté interprétation, l’une de mes expériences les plus fortes a été d’interpréter durant des séances de psychothérapie proposées à des femmes réfugiées accompagnées par l’ONG Action for Women, en français, anglais et grec.

Et en dehors de la traduction ou l’interprétation, quels sont tes centres d’intérêt ?

Le voyage, toujours, et la musique. Mon conjoint et moi sommes tous deux des passionnés (de musique et de voyage), et nous associons souvent voyages et concerts. Nous cherchons des lieux insolites, vierges et loin du monde, ce qui devient malheureusement de plus en plus difficile à trouver. Les retrouvailles avec nos familles et nos amis sont aussi une priorité. Vivre à l’étranger pendant des années signifie que nos êtres chers sont souvent éparpillés aux quatre coins du monde et il est très important pour moi d’entretenir ces liens.

Je suis une avide lectrice et une passionnée de cinéma. Je pratique le yoga depuis des années, la randonnée, et les bains de mer dès que j’en ai l’occasion (de préférence dans des criques isolées et désertes aux eaux turquoise en Grèce !).

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