Pièges de la langue française, an interactive webinar with Agathe Bozon

Hosted by the ITI French Network

by Philippe Galinier

Agathe Bozon est rédactrice d’entreprise et formatrice communication écrite.

Les traductrices et traducteurs sont très forts en grammaire. Sauf que, sauf que… la langue française écrite est un dédale dans lequel au détour d’une règle de grammaire on trébuche sur une exception, et où abondent les contradictions : prescriptions et usage, idées reçues et réalité linguistique, emploi général et cas particuliers. On a beau avoir fait ses exercices du Bled en 5e, lire Proust et le Monde diplomatique, mettre le nez une fois par an dans le Grevisse, vérifier le genre du mot anagramme et l’orthographe de mont-blanc (le dessert, pas la montagne), il faut bien avouer que les règles complexes nous déroutent parfois. Et puis, notre mémoire flanche aussi, recouvrant parfois d’une épaisse brume les savoirs que l’on croyait fermement ancrés.

Voilà pourquoi il est bon de temps en temps de retourner sur les bancs virtuels de l’école et de réviser ses accords et ses règles typographiques. Et pour venir à notre rescousse, qui de mieux placé qu’Agathe Bozon, rédactrice professionnelle et formatrice en communication écrite ? Son atelier très interactif du 1er octobre comportait quatre volets : les règles d’accord des participes passés complexes, les erreurs d’usage courantes, le code typographique et les outils en ligne d’aide à l’écriture.

Le premier exercice sur les verbes pronominaux fait un peu l’effet d’un électrochoc. Doit-on écrire « Combien d’histoires s’est-il raconté ? » ou « Combien d’histoires s’est-il racontées ? » « Les rois se sont succédé » ou « Les rois se sont succédés » ? Agathe nous rappelle à cette occasion que l’ordre des mots est important : et que les verbes pronominaux essentiellement réfléchis s’accordent avec le sujet (« Ces images dont elle s’est souvenue » : accord avec « elle »). L’affaire se corse avec le second exercice, sur les participes passés suivis de l’infinitif. Ainsi, on écrira « Les enfants que j’ai entendus chanter », mais « La chanson que j’ai entendu chanter ». Le participe passé de « faire » directement suivi d’un infinitif (« la tarte que j’ai fait cuire ») est quant à lui toujours invariable. Eh oui ! On n’écrit pas « Les étudiants que j’ai faits inscrire », mais « les étudiants que j’ai fait inscrire ». Pour clore ce premier volet, un test portant sur d’autres pièges d’accord des participes passés : quand on doit accorder « ci-joint » avec son COD ? Les constructions impersonnelles obéissent-elles à la règle d’accord du participe avec le COD ? (Réponse : non.) Et des nèfles, vous en avez mangé ou mangées beaucoup ?

Nous embrayons au pas de charge sur les erreurs courantes, par exemple la confusion entre « avoir affaire à » et « avoir à faire ». Après cette remise à l’heure des pendules, nous saurons choisir entre « nous sommes convenus de » et « nous avons convenu de », et nous préférerons l’élégant « à la suite de » à « suite à » qui fait franchement rapport de commissariat de quartier.

Avant-dernier volet de cet atelier, un exercice portant sur le code typographique est l’occasion de nous tester sur l’emploi de la majuscule, des acronymes, sigles et abréviations. Si en règle générale le français a recours à la majuscule beaucoup moins que l’anglais, les prescriptions détaillées de l’imprimerie nationale sont légèrement alambiquées. Ainsi écrit-on « le mont Blanc », mais « le tunnel du Mont-Blanc », « l’appel du 18 juin 1940 », mais « l’appel du 18 Juin ». Le dernier exercice, un QCM sur les abréviations, nous rappelle, entre autres, comment abréger correctement nombres ordinaux et titres de civilité. Par exemple, on distinguera Mme (madame) de Me (maître), et nous apprenons grâce à Agathe Bozon que « Leurs Altesses Sérénissimes » doit s’abréger en « LL.AA.SS. » Nous ne serons pas pris au dépourvu lorsqu’il nous faudra répondre à l’invitation de la duchesse de Brabant…

Pour clore ce stimulant atelier, Agathe nous livre une bibliographie d’outils en ligne d’aide à l’écriture, des sites de référence bien connus (Dictionnaire de l’Académie française) à d’autres à ajouter à son propre arsenal (FranceTerme, Crisco…)

Ainsi se conclut cet atelier qui nous aura été bien utile. Pour preuve, on mentionne déjà Agathe Bozon sur le réseau français de l’ITI. Et désormais, lorsque votre client britannique vous reprochera sur un ton légèrement froissé d’avoir mis une minuscule au président-directeur général de sa boîte, vous pourrez lui rabattre le caquet en lui apprenant que même le président de la République n’a pas droit à la majuscule !

A translator for over ten years, Philippe Galinier specialises in international relations, international law and criminal law. He is a qualified member of the ITI and of the CIoL. He teaches translation skills part-time at UCL Centre for Languages and International Education.

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